Journée d'études sur l'Orientation au Sénat le 12 janvier 2009


L'association Education et Devenir a organisé une journée d'études au Palais du Luxembourg (http://education.devenir.free.fr/senat2009.htm).

Le recteur Alain Bouvier a présenté le rôle du HCE, Haut Conseil de l'Education, chargé d'émettre des avis et de formuler des propositions sur les résultats du système éducatif annuellement au président de la République. En 2008, ce rapport a concerné l'Orientation (http://www.hce.education.fr/gallery_files/site/21/49.pdf).

Si tout le monde ne peut qu'être d'accord sur certaines préconisations du rapport :
- que l'Orientation contribue moins aux mécanismes d'exclusion
- qu'on se dirige davantage vers une Orientation choisie
- que les différents dispositifs soient mieux coordonnés
d'autres préconisations sont plus discutables :
- donner une priorité plus grande à l'employabilité et l'insertion professionnelle
- recruter des professionnels de l'Orientation avec un profil autre (non psychologues)
- que le chef d'établissement ait prise directe sur ces personnels
- faire jouer un rôle plus important aux enseignants

Thierry Berthet, chercheur associé au CEREQ, a rendu compte d'une étude sur 350 jeunes et l'Orientation montrant qu'à 63% ce sont les parents, l'entourage familial qui les a les plus aidé à s'orienter, puis à 33% les PP et à 28% les CO-Psy.
Ils sont satisfaits à 75% des aides reçues, 17% s'estiment mal informés.
Parmi ces jeunes, 53% avaient une idée précise de leur avenir et 14% étaient sans idée.
Il note la confusion affectation-Orientation, l'importance de la coordination et de l'abord de l'Orientation par le type de service à rendre et le type de public auquel on s'adresse, et il parle de l'Orientation et du rapport entre contraintes plus ou moins fortes qui s'exercent et liberté.

J.P. Denanot, président du Conseil Régional du Limousin, parle d'un système à la dérive, d'une Orientation trop souvent par défaut, alors qu'il faudrait une possibilité d'Orientation tout au long de la vie, car le monde bouge. L'Orientation est au coeur de l'avenir du pays.
Il cite en exemple la cité des métiers de Limoges qui regroupe CIO, AFPA, ANPE, Mission Locale, avec un co-pilotage état-région, ouverte à tout public librement et gratuitement, et où
tous les mois, des zoom métiers présentent les métiers en tension.

L. Paboeuf, président du Conseil Economique et Social de la région Aquitaine, psychologue de formation, professionnel de l'Orientation des adultes à l'ANPE, fait l'historique des différents courants en Orientation depuis l'oracle des grecs à la théorie des aptitudes, décrivant une époque d'Orientation plus psychologique celle de Piéron avec la création de l'INETOP, puis une époque d'Orientation plus économiste, celle de la création de l'ANPE et l' époque actuelle où l'Orientation est plus existentielle, ne concernant pas seulement le domaine professionnel de la vie, mais un ensemble plus vaste.
Il insiste sur le fait que le sens de l'existence d'un individu lui appartient, que ce cheminement ramène à quelque chose d'individuel.
D'où quand on accompagne quelqu'un, comment crée une relation qui fait que la personne reste le pilote de son cheminement ? c'est à la personne qu'il appartient, car personne n'a pouvoir sur la vie d'un autre.
Il faut qu'il y ait des lieux qui favorisent le dialogue entre les différents acteurs (comme en Aquitaine Cap Métiers).

Jean-Pierre Cartier, formateur et chercheur au CNAM-INETOP, Institut National d'Etude du Travail et de l'Orientation Professionnelle, qui forme les Conseillers d'Orientation-Psychologues, a présenté les spécificités du système d'Orientation français en regard des systèmes européens (http://lamaisondesenseignants.com/index.php?action=afficher&id=967&rub=15)
Il a notamment présenté le concept polysémique d'Orientation et l'aspect péjoratif que ce mot a dans notre culture, tout en soulignant combien le processus d'Orientation est avant tout d'essence psychologique, ce qui va à l'encontre de certaines des conclusions du rapport du HCE.

Bernard Saint-Girons, ancien recteur et ancien directeur général de l'enseignement supérieur , délégué interministériel à l'Orientation, a précisé que le débat sur l'Orientation est très largement ouvert, mais que ce débat n'est pas spécifique à notre pays, que l'Orientation est un sujet transversal et qu'il s'agit de réunir les compétences des professionnels de l'Orientation et des professeurs principaux dans les établissements scolaires avec celle des professionnels de l'Orientation hors établissements scolaires, en créant des lieux où les compétences de chacun se rencontrent (cf Cité des Métiers).

Mme Claude Azema, membre du Conseil Economique et Social, a conclu cette journée en parlant du problème de la très grande sélectivité à l'entrée en formation professionnelle, et d'un système français où tout fonctionne sur l'externalisation de ce qu'on ne veut pas. Elle a rappelé la mythique adéquation entre la formation et l'emploi, la nécessité de mettre beaucoup plus de fluidité dans le système, et s'est interrogée sur le fait qu'on puisse jamais un jour régler le problème de l'Orientation... Elle a tenu à ajouter enfin que ce qui pêche, c'est le bilan de compétences, car on ne fait plus passer que 4% de tests.

http://www.hce.education.fr/
http://blogdelorientation.com/2008/09/le-haut-conseil-de-leducation-a-planche-sur-l%E2%80%99orientation-scolaire/
http://www.touteduc.fr/index.php?sv=34&aid=191